Cours publics le Jeudi 9 janvier 2020 à 18h30
avec Fabienne Chevallier, historienne de l’architecture, chargée de la mission Inventaires au musée d’Orsay
Après la Révolution et la destruction des statues des rois de Juda sur la façade occidentale de Notre-Dame de Paris, la recomposition des relations entre le pouvoir et l’Église n’est pas un long fleuve tranquille : la religion catholique va-t-elle contribuer à l’amnésie postrévolutionnaire, ou accepter l’héritage des Lumières ? Les projets de décors d’Alavoine pour Notre-Dame portent l’empreinte de cette oscillation dès la Restauration.
La cathédrale offre cependant un cadre scénique grandiose aux cérémonies du sacre de Napoléon Ier et au baptême du prince impérial en 1856. Une décennie avant celui-ci, la Monarchie de Juillet a lancé la restauration de l’édifice. Les rapports parlementaires de la loi de juillet 1845 affirment une doctrine de restauration respectueuse du bâti conforme aux idéaux de la génération romantique. Une prise en main politique de la cathédrale s’impose pendant le Second Empire, non sans résistances.
Comment le geste restaurateur de Viollet-le-Duc, après la mort de Lassus en 1857, l’illustre-t-elle ? Quelles conceptions les archevêques ont-ils sur le monument ? Quels liens sont formulés entre la cathédrale restaurée et l’île de la Cité en pleine transformation urbaine ? Après la chute du Second Empire, la IIIe République verra en Notre-Dame un lieu de relations pacifiées entre élan patriotique et sentiment religieux, alors même que la politique de laïcisation bat son plein.