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Loi sur la transition énergétique : le patrimoine en danger.

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La presse en parle.

Si elle est adoptée en l’état, la loi sur la Transition énergétique va porter un coup fatal au patrimoine de notre pays, richesse reconnue dans le monde entier et source majeure de revenus, d’emplois et de balance commerciale excédentaire à travers le tourisme.

La loi prévoit en effet que l’on ne puisse "s’opposer à la mise en œuvre d’une isolation en saillie des façades et par surélévation des toitures des constructions existantes" (article 3).

Si l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments existants est souhaitable et possible pour une large part du parc immobilier, notamment de la période de la reconstruction avant le premier choc pétrolier, le projet de loi sur la Transition énergétique représente une grave menace pour la qualité de notre cadre de vie et le patrimoine français.

L’emballage d’un bâtiment ancien revient à gommer la spécificité de son architecture et transformer profondément la perception de l’histoire, des diversités urbaines qui se sont exprimées au travers de différents styles caractérisant chacun leur époque.

Personne, ni même le Maire, ne pourra plus s’opposer à l’emballage des bâtiments dans des sites remarquables que sont les sites inscrits et classés, les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), les Aires de Mise en Valeur de l’Architecture et du patrimoine (AVAP), les abords de Monuments Historiques, les immeubles labellisés patrimoine du XXe siècle, les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco (Val de Loire, baie du Mont-Saint-Michel, sites des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, etc).

Les plus beaux villages et sites de France seront ainsi défigurés et sacrifiés au bénéfice d’une filière technique inadaptée au bâti ancien qui fera disparaître de nos paysages tout le charme et le raffinement de nos architectures de pierre, de brique, les pans de bois et la grande diversité de formes et de matériaux qui font la richesse de notre pays.

Devant la gravité des conséquences que fait porter la loi sur la Transition énergétique sur le patrimoine français, nous demandons instamment :
 que soient réintroduites dans la loi, les dérogations actuellement prévues par le code de l’urbanisme dans son article L 111.6.2, afin de permettre de sauvegarder l’attractivité de notre pays et la qualité du cadre de vie de nos concitoyens.
 que soit pris en compte le patrimoine du XXe siècle dont la qualité a été reconnue par une labellisation du ministère de la Culture.
 que les bâtiments fassent l’objet d’une évaluation systématique par des professionnels compétents, avant tout choix de technique d’amélioration des performances techniques. L’emballage des bâtiments existants peut entrainer, au-delà de la perte de valeur patrimoniale, d’importants désordres et pathologies.
 que les projets d’isolation par l’extérieur des bâtiments existants soient systématiquement soumis à l’avis conforme des services compétents en matière d’architecture du ministère de la Culture, pour garantir le maintien du cadre de vie et de l’intérêt général.

Les Présidents de :
L’association des Architectes du Patrimoine (AAP)
Rémi DESALBRES

Docomomo France
Agnès CAILLIAU

Rempart
Henri de LEPINAY

Vieilles Maisons Françaises (VMF)
Philippe TOUSSAINT

L’association nationale des Architectes des bâtiments de France (ANABF) Saadia TAMELIKECHT

Maisons Paysannes de France (MPF)
Georges DUMENIL

Sauvegarde de l’Art Français
Olivier de ROHAN CHABOT

La Demeure Historique (DH)
Jean de LAMBERTYE

Patrimoine-Environnement (LUR-FNASSEM)
Alain de LA BRETESCHE

Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF) Alexandre GADY

Quel avenir pour le dessin à l'heure du BIM ?

Les Architectes du Patrimoine ne se préoccupent pas que de vieilles pierres. Une récente rencontre leur a permis d’interroger la pratique du dessin face à l’essor de la conception en BIM…
C’est le 10 février dernier que l’Association des architectes du patrimoine (AAP) a organisé pour ses adhérents, autour de l’exposition « Dessiner pour bâtir » aux Archives nationales (Paris), une table ronde sur la place du dessin dans la création architecturale contemporaine. Pour l’occasion, cinq intervenants aux profils variés avaient été réunis par son président, Rémi Desalbres : Alain Berthoz, neurophysiologiste, Alexandre Cojannot et Alexandre Gady, historiens de l’art et co-commissaires de l’exposition susmentionnée ainsi que les architectes Philippe Prost et Vassily Laffineur (associé de l’agence Renzo Piano). ......

Rénovation énergétique : Le bâti ancien appelle des solutions non standardisées

Rémi Desalbres, président de l’association des Architectes du patrimoine, avec Catherine Jacquot, présidente de l’Ordre des Architectes, a interpellé la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, dans un courrier* du 21 octobre 2016, pour lui exposer les enjeux de la rénovation énergétique du bâti ancien.

CTB  : Pourquoi une réécriture du décret du 30 mai 2016 sur l’obligation d’embarquer des travaux de rénovation énergétique lors d’un ravalement ?

Rémi Desalbres : Ce décret généralisait la pratique de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE), avec des conséquences lourdes sur l’esthétique du bâti ancien et le développement de graves pathologies. Nous souhaitions sensibiliser le ministère à l’importance d’appréhender le bâti ancien dans son ensemble. L’isolation d’une structure induit une modification sensible de son milieu, or les structures traditionnelles (pierre, pans de bois, pisé… ) sont sensibles aux échanges gazeux et à l’humidité. Le décret tel que réécrit [bientôt publié, NDLR] précisera que les parois concernées sont celles en « briques industrielles, en blocs béton industriels ou assimilés, béton banché ou bardages métalliques ». « On peut améliorer sensiblement la performance thermique du bâti ancien sans le dénaturer. »
La suite : https://www.cahiers-techniques-batiment.fr/article/le-bati-ancien-appelle-des-solutions-non-standardisees.32324?utm_content=bufferb0418&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer

Vers une refonte du decret relatif aux travaux embarqués sur les bâtiments existants ?

Plusieurs associations de défense du patrimoine demandent la réécriture du décret relatif aux travaux embarqués sur les bâtiments existants. Principal motif d’inquiétude : l’obligation de procéder à des travaux d’isolation par l’extérieur en cas de travaux importants. Le Conseil national a aussi alerté le Ministère sur les risques patrimoniaux et liés à de futures pathologies des bâtiments.

Quatre mois après sa publication au Journal officiel, le décret relatif aux « travaux d’isolation en cas de travaux de ravalement de façade, de réfection de toiture ou d’aménagement de locaux en vue de les rendre habitables » continue de susciter l’inquiétude parmi les associations de défense du patrimoine.

Alors que ce texte doit entrer en vigueur au 1er janvier 2017, les associations craignent que l’obligation de procéder à des travaux d’isolation, en particulier d’isolation thermique par l’extérieur (ITE), n’engendre des risques de dégradation du bâti et ne porte gravement atteinte au caractère architectural et patrimonial des bâtiments et des centres anciens.

Selon Batiactu du 28 septembre 2016, Rémi Desalbres, Président de l’association des architectes du patrimoine, souligne l’incongruité d’un texte qui prévoit de recourir à un architecte pour déroger à l’obligation d’isoler, mais pas pour réaliser un diagnostic en amont des travaux. En d’autres termes, le recours à l’architecte est obligatoire pour ne pas faire mais pas pour faire !

Lors de la rédaction du décret, le Conseil national avait lui aussi alerté les services du Ministère de l’Ecologie sur l’importance de confier à un maitre d’œuvre indépendant la réalisation d’un diagnostic global avant de procéder à des travaux d’isolation par l’extérieur. En l’absence de diagnostic, l’Ordre pointait le risque de voir le patrimoine bâti confronté, dans quelques années, à de graves pathologies du bâtiment liées à une mauvaise mise en œuvre.

Si le Conseil national considère l’isolation par l’extérieur particulièrement bien adaptée pour les maisons individuelles de type pavillonnaire et certains types de logements collectifs, il regrette que ce procédé technique ait été rendu obligatoire par la loi pour tout type de bâtiment au détriment d’autres solutions pertinentes, comme les isolants minces.

Alors que d’aucuns considèrent le décret inapplicable en l’état pour les centres anciens et les bâtiments patrimoniaux, les associations de défense du patrimoine invitent les services du Ministère à réécrire le texte afin de préserver pour les générations futures notre paysage rural et urbain.

MAJ du 5 octobre : voir aussi l’article du Moniteur de ce jour : "Embarquement des travaux de rénovation énergétique : Ségolène Royal propose un décret modificatif"

« Notre-Dame s'est édifiée en plusieurs siècles, laissons le temps aux experts d'établir un diagnostic »

Regard posé sur Notre-Dame par les Architectes du Patrimoine

Paris, le 18 avril 2019

Après l’émoi et la stupeur qui ont saisi le monde lors du terrible incendie de Notre-Dame, l’heure est maintenant à la réflexion et à la compréhension.

La cathédrale de Paris est un chef d’œuvre, architectural, artistique et cultuel ; une œuvre humaine exceptionnelle, un joyau du patrimoine, inscrit dans l’ensemble du paysage urbain remarquable des berges de la Seine, protégé au titre du Patrimoine mondial par l’UNESCO.
L’émotion qui a suivi le drame du 15 avril en témoigne et démontre l’attachement des hommes à leur patrimoine,cet héritage de l’intelligence humaine.

Il est la mémoire de siècles de créativité, d’inventivité, de savoir-faire entretenus et transmis jusqu’à aujourd’hui. En tant qu’œuvre majeure de l’humanité, et plus que tout autre, cet édifce a été l’objet des plus grandes attentions. Pourtant, nous venons tristement d’en découvrir la fragilité.

L’action salvatrice de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris a été parfaitement guidée. Par leur persévérance à défendre les tours et à prévenir l’effondrement de l’immense échafaudage, ils ont su limiter les destructions et
sauver la structure principale avec une grande partie des œuvres qu’elle abritait. Nous leur devons le plus grand respect et l’expression de notre profonde gratitude.
Certes, Notre-Dame est profondément meurtrie, mais elle est encore debout !

Sa restauration pourra se fonder sur la merveilleuse connaissance accumulée par des années d’études attentives de l’édifice, un savoir constitué par des spécialistes spécifiquement formés : en premier lieu les Architectes en Chef des Monuments Historiques, les Architectes du Patrimoine, avec l’appui les Architectes des Bâtiments de France et des Conservateurs des monuments historiques, mais aussi par les entreprises expertes qui se sont succédé à sa conservation permanente, sous l’égide du Ministère de la Culture.

On peut comprendre et saluer l’engouement de chacun à vouloir déjà réparer Notre-Dame. Mais commençons d’abord par convoquer et écouter les véritables experts. Ils sauront apporter leurs compétences spécifiques à l’analyse fine des désordres et pourront - au terme d’un diagnostic minutieux, indispensable à la conservation de ce qu’il reste du monument - proposer des principes de consolidation et de restauration cohérents. Les débats relatifs au projet, à la manière de faire - reconstruire « à l’identique » ou non - auront le temps d’exister lorsque cette étape sera franchie. Sous le patronage légitime des instances compétentes en la matière, ils promettent d’être stimulants et, à n’en pas douter, passionnants.

Viendra alors le temps de mobiliser tous les corps d’état spécialisés, les compagnons, hommes et femmes de l’art, qui disposent à la fois des savoir-faire ancestraux et contemporains. La France a su se doter des moyens indispensables à la préservation et à la restauration continue de son patrimoine : gageons que cet effort permanent sera poursuivi. Ce grand chantier sera une opportunité rare pour tous les corps d’état spécialisés de mesurer la qualité et l’actualité de leur art et de perpétuer leurs savoirs en les transmettant aux plus jeunes.

L’Association des Architectes du Patrimoine partage l’exigence d’excellence des Architectes en Chef des Monuments Historiques et des entreprises spécialisées, et leur renouvelle toute sa confiance pour relever ce grand défi.

Notre patrimoine est notre culture.
Il est la trace tangible et indélébile d’un héritage humain colossal et fragile à la fois.
Il est d’intérêt public.
Il est à tous.

Les Architectes du Patrimoine